vendredi 21 octobre 2011

L’homme qui a perdu 11 milliards

L’homme qui a perdu 11 milliards
Vous avez aimé Jérôme Kerviel et sa gigantesque « paume » de 5 milliards d'euros à la Société générale ? Kweku Adoboli et sa fraude à 2 milliards de dollars chez UBS ? Alors voici Carlos Slim Helu… l'homme qui a perdu 11 milliards de dollars depuis février, si l'on en croit les estimations du magazine américain Forbes.
Mais soyez immédiatement rassuré ! A la différence des deux premiers, celui-ci avait largement les moyens de se permettre ce dérapage. Carlos Slim n'est en effet ni un obscur « trader », ni un escroc patenté façon Bernard Madoff, mais tout simplement… l'homme le plus riche du monde, y compris après sa contreperformance récente. Car s'il ne pèse plus aujourd'hui « que » 63 milliards de dollars, c'est encore trois de mieux que ce que vaut son dauphin, un certain Bill Gates, fondateur de Microsoft.
Assurément, Carlos Slim est beaucoup moins médiatique que son suiveur, mais il partage avec lui deux points communs, outre son ultra-richesse : il est également nord-américain (même s'il est citoyen du Mexique et non des Etats-Unis) et a aussi fait fortune dans un business à fort contenu technologique. Dans son cas, il s'agit des télécommunications. Né en 1940 dans une famille d'origine libanaise, notre homme, porté sur les mathématiques, a d'abord fait des études d'ingénieur. Très jeune, il s'oriente cependant vers une activité tout autre : le courtage de biens immobiliers. C'est ainsi qu'il développe son patrimoine. Il met ensuite à profit la crise économique mexicaine du début des années 1980 pour investir à bon prix dans divers secteurs : mines, construction, commerce de détail, tabac ou encore services financiers.
D'ores et déjà, sa fortune est faite. Mais c'est en 1990 qu'il fait le grand bond en avant. Tout d'abord, la société qu'il a fondée, Grupo Carso, entre en bourse. Mais surtout, soutenu par des amis politiques, dont l'ancien président mexicain Carlos Salinas, il rachète cette même année la compagnie nationale mexicaine de téléphonie Telmex, en consortium avec d'autres investisseurs, dont  France Télécom national, mettant ainsi la main sur un juteux monopole. S'il continue depuis à investir dans d'autres secteurs, c'est désormais le fer de lance de sa colossale fortune. Depuis 1999, il a aussi entrepris d'étendre ses activités à l'étranger, grâce à l'opérateur de téléphonie America Movil, coté à New-York, qui compte aujourd'hui près de 300 millions de clients dans 18 pays du continent américain.
L'année 2011 n'a pas été rose pour l'entreprise, encore très dépendante de ses activités au Mexique. Elle a notamment été condamnée à un milliard de dollars d'amende par l'autorité nationale de la concurrence, à cause de prix trop élevés pratiqués pour l'accès à son réseau. De plus, le groupe audiovisuel Grupo Televisa vient de racheter un concurrent d'America Movil en difficultés, Iusacell. Ajoutez à cela un recul du peso mexicain face au dollar et on comprendra que l'étoile de Carlos ait légèrement pâli cette année. Entre 2010 et 2011, sa fortune avait bondi de 20 milliards de dollars d'un seul coup… on ne peut pas gagner à chaque fois !
Emmanuel Schafroth

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